Les hockeyeurs québécois: Ils ne viennent pas et ne viendront pas non plus.
Lorsqu’un joueur québécois, de premier plan, obtient sa pleine autonomie, on s’attend tous à ce qu’il rentre au bercail. On l’a souvent entendu dire que le Canadien était son équipe favorite et qu’il a toujours rêvé d’arborer la Sainte Flanelle. Mais comme d’autres avant lui, il décide de signer avec une autre formation tout en s’assurant de préciser qu’il a sérieusement considéré l’offre du Tricolore.
Comment expliquer alors cette réticence des joueurs québécois à se joindre au Canadien de Montréal ? Pour de nombreux partisans, qui vivent par procuration à travers ces héros du sport, on s’explique mal qu’un joueur québécois refuse se s’aligner avec le Canadien.
À qui la faute ? Aux joueurs aveuglés par leur cupidité ? À l’organisation, Bob Gainey en tête, qui s’avère incapable de convaincre qui que ce soit de joindre les rangs de sa formation ou bien celle des médias, trop présents, et qui commentent plus régulièrement les états d’âme des joueurs que leur jeu sur la glace.
Si les joueurs québécois hésitent toujours à venir jouer à Montréal, c’est avant tout parce que l’équipe ne peut aspirer à court ou moyen terme à remporter la coupe Stanley et que leur présence à elle seule ne pourra changer la donne.
Ajouter à une équipe de milieu de peloton, ils savent pertinemment qu’ils devront rendre des comptes aux médias qui après porter au nu, ils feront l’objet d’une couverture disproportionnée de la part des journalistes, comparativement à leurs coéquipiers anglophones ou étrangers.
Pour cette raison, les joueurs québécois doivent peser leurs mots afin qu’ils ne prêtent pas à interprétation par peur de choquer un public à l’épiderme sensible. Croyez-vous qu’à Buffalo, les chroniqueurs sportifs ont fait une série d’articles pour trouver le ou les coupables dans les départs de Daniel Brière et Chris Drury ?
Combien de joueurs québécois ont été sacrifiés sur l’autel par les médias montréalais pour qu’ils puissent mener à bien leur opération commerciale ? Je ne vous ferai pas la liste, vous les connaissez tous aussi bien que moi, José Théodore et Patrice Brisebois sont les deux derniers exemples.
Seul Alex Kovalev peut se vanter de recevoir un traitement comparable à celui des joueurs de la « Belle Province », traitement qui ne semble pas trop l’affecter.
Les sports plus présents…
Les cotes d’écoute récoltées par RDS, la saison dernière, lors des parties du Canadien ont forcé les chaînes généralistes à s’ajuster à la demande. CKAC a délaissé l’information générale pour se consacrer qu’à l’actualité sportive. Si vous croyez que le nouveau paysage médiatique montréalais va améliorer les choses, vous devriez peut-être vous raviser.
Après avoir négligé son service des sports pendant près d’une décennie, la Société Radio-Canada s’est remis à couvrir l’actualité sportive sur une base régulière. TVA a jugé bon s’offrir les services du coloré Ron Fournier pour commenter l’actualité du Canadien. Et 110 %, présenté à TQS, débute maintenant à 22h45 plutôt qu’à 23h.
La compétition féroce, qui prévaut entre les différents médias, oblige les journalistes et chroniqueurs sportifs qui couvrent les activités du Canadien à trouver un angle propice à la controverse. Les patrons jugent qu’il est plus facile de faire réagir l’amateur que de le faire réfléchir.
Il serait malhonnête de mettre tous les scribes dans le même panier, il y en a qui s’intéresse à la dimension sportive du jeu, mais ils ne sont pas légion. Les chroniqueurs, nostalgiques d’une époque révolue, bénéficient toujours d’une tribune importante.
Si les joueurs québécois fuient Montréal comme la peste, c’est qu’ils ne veulent tout simplement pas faire l’objet d’une enflure médiatique. Enflure créée pour susciter l’intérêt des amateurs, qui ne sont pas très difficile à distraire, en particulier lorsqu’il est question du Canadien. Les médias carburent depuis longtemps aux nouvelles entourant les activités des Glorieux, pourquoi cela devrait-il changer ?
Donc à la question : « Les médias sont-ils responsables pour la réticence des hockeyeurs québécois à se joindre au Canadien »? La réponse est oui. Tant et aussi longtemps qu’ils n’accepteront pas de revoir leur manière de traiter l’information, il est fort à parier que la situation actuelle va perdurer.
Si le psychodrame provoqué par le refus de Daniel Brière de se joindre au Canadien n’est pas parvenu à vous convaincre, je ne sais plus quoi vous dire.