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La nouvelle profondeur du Canadien a pour effet de créer un esprit de compétition entre les joueurs, ce qui les force à redoubler d’efforts pour convaincre l’entraîneur de leur faire une place au sein de l’alignement partant. Dans les années précédentes, il n’était pas rare de voir quelques vétérans se vautrer dans une complaisance sachant pertinemment que le salaire qui leur était attribué les préservait des foudres de l’entraîneur. Ce changement de philosophie est largement attribuable à la présence de Bob Gainey, qui en très peu de temps a réussi à remettre en selle cette vénérable franchise.
Pierre Dagenais et Richard Zednik hors de l’alignement et pourtant le Canadien poursuivait, jusqu’à hier soir, sa lancée victorieuse. Alexander Perezhogin et Chris Higgins comblent présentement leur absence sur le premier et deuxième trio. La vitesse et les habiletés du premier complète bien le travail de Koivu et Kovalev. Tandis que le second procure plus de rapidité sur la deuxième ligne tout en comblant les lacunes défensives de Mike Ribeiro.
Cela veut-il dire pour autant que ces deux joueurs ne soient plus indispensables et que Bob Gainey peut envisager une transaction dans le but d’améliorer sa formation ? Je crois qu’il serait précipité de sauter trop vite à ces conclusions. La saison n’est qu’à ses premiers balbutiements et peut laisser encore place à d’autres surprises. Richard Zednik est un vétéran qui a su prouver sa valeur depuis son acquisition des Capitals de Washington. En plus, il est capable de hausser son niveau lorsque la situation le demande, en particulier lors des séries éliminatoires. De s’en départir après seulement quelques bonnes performances du dynamo russe serait quelque peu précipité, vous ne trouvez pas ?
L’organisation peut se réjouir à l’idée que l’équipe n’est plus à la merci de blessures à des joueurs clés et qu’elle peut maintenant compter sur une profondeur permettant ainsi à son entraîneur de manier son alignement en fonction de l’adversaire. Contre Toronto, Julien s’est permis de retirer Pierre Dagenais de l’alignement au profit de Raitis Ivanans. L’ailier format géant ne s’en est pas trop mal tirer à chaque fois que son entraîneur a dû faire appel à ses services.
On voit mal comment Dagenais aurait pu suivre le tempo endiablé imposé hier soir par Ottawa. Il faudrait arrêter de croire que son association avec Mike Ribeiro, centre avec lequel il a évolué dans les rangs juniors à Rouyn-Noranda, pourra influencer la décision de la direction à son endroit. Ribeiro premier marqueur du Canadien, lors de la saison 2003-04 a grandement milité en faveur de la présence de Dagenais avec l’équipe. Ribeiro s’est même excusé auprès de son ami parce qu’il s’imputait la responsabilité de son retrait de la formation. Si Dagenais constitue une trop grande distraction pour Ribeiro, qui connaît un début de saison très ordinaire, la direction devra agir rapidement dans son cas.
Les nouveaux règlements qui ont eu pour conséquence d’éliminer l’accrochage en zone neutre avantage grandement les bons patineurs. On sait tous que le patin n’est pas l’un des points forts de Dagenais. À quoi bon sert d’avoir l’un des meilleurs tirs de la Ligue lorsque l’on ne bénéficie pas du coup de patin pour se démarquer ?
Il n’y a pas que Pierre Dagenais qui peine à s’ajuster aux nouveaux règlements, Sheldon Souray poursuit son terrible début de saison. Le gros défenseur ne sait plus où donner de la tête tant les attaquants entrent rapidement en zone défensive. Constamment débordé, il se débarrasse de la rondelle avant de se la faire enlever, ce qui mène régulièrement à des revirements dans sa zone. Les équipes se sont données le mot dans son cas et exploitent le fait qu’il ne puisse plus se servir de son hockey ou de ses bras pour contenir l’adversaire. On croyait tous que son année passée dans la Ligue de Suède lui permettrait d’améliorer sa mobilité ou à tout de moins de la préserver, mais il semble que le gros défenseur devra faire du temps supplémentaire lors des entraînements, car si sa mauvaise séquence se poursuit, il ne faudra pas s’étonner de le voir dans les estrades sous prétexte d’une blessure à l’aine.
C’est à mon avis ce que l’on est en train de faire avec Mike Komisarek. Le gros défenseur s’est vu exclure de la formation au profit du nouveau venu, le Suisse Mark Streit. Les entraîneurs, plus familier avec le nouveau style pratiqué, peuvent maintenant guider le jeune défenseur afin qu’il puisse se servir de son physique imposant sans pour autant nuire à son équipe en prenant des punitions inutiles. Dans le cas de Komisarek, le meilleur est à venir.
Ce qui nous ramène à notre sujet de départ, la profondeur. Si des réguliers sont laissés de côté et que l’équipe continue de performer, cela permet de mettre tous les joueurs sur le qui vive. Claude Julien sera le premier à bénéficier de cette situation. Les joueurs n’auront d’autres choix que d’être attentifs à ses instructions, sachant fort bien que leur place n’est plus acquise. La meilleure preuve, vous l’aurez lorsque Zednik reviendra au jeu, il voudra prouver à son entraîneur qu’il mérite de retrouver sa place sur le premier trio et cherchera à supplanter Perezhogin.
C’est maintenant à Claude Julien de manœuvrer habilement afin de prendre avantage de la situation. Bob Gainey a rempli son mandat en lui fournissant une équipe compétitive, à Julien de lui prouver qu’il est digne de sa confiance. Car avec la présence de Doug Jarvis derrière le banc, sa marge d’erreur s’est rétrécie considérablement.