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La question qui obsède présentement tous les amateurs, est celle de savoir s’il y aura ou non une saison de hockey cette année ? Les négociations piétinent toujours entre les propriétaires et l’association des joueurs, pour renouveler la convention collective qui vient à échéance le 15 septembre prochain. D’un côté comme de l’autre, personne ne veut céder. Si les deux partis se défendent bien de vouloir concéder quoi que ce soit à l’adversaire, dans la réalité il en est tout autrement.
Propriétaires et joueurs sont conscients qu’un lock-out pourrait avoir des effets néfastes sur le produit. Déjà considérée comme un circuit mineur dans plusieurs marchés aux Etats-Unis, la Ligue Nationale de Hockey ne peut se permettre de suspendre ses activités pour une période indéterminée et ainsi courir le risque de sombrer dans l’oubli des amateurs.
Conscients du danger qui les guette, joueurs et propriétaires semblent partager les même craintes. Cette situation a provoqué un rapprochement significatif entre les deux partis. Rapprochement que nous pouvons observer présentement dans les contrats consentis à travers la ligue.
Outre les cas d’arbitrage, peu de joueurs ont réussi à obtenir des augmentations de salaire substantielles. La signature de Craig Conroy par les Kings de Los Angeles (3,1 millions par saison) représente l’exception plutôt que la règle. Il serait impensable aujourd’hui d’octroyer un contrat de 45 millions pour 5 ans comme ce fut le cas pour Bobby Holik ou même les 16 millions pour 4 ans versés à Patrice Brisebois lors de la signature de son dernier contrat.
Les dirigeants d’équipes n’ont présentement aucun intérêt à se précipiter vers les agents libres sans compensation encore disponibles. Plus ils attendront, plus ils seront en mesure de les signer pour une somme raisonnable. L’offre est présentement supérieure à la demande, rien ne sert de se précipiter vers ces joueurs de grand talent qui n’ont plus de valeur à moyen ou long terme.
Bien qu’il me pue au nez de parler de cette façon d’un sport, dont je fus et suis encore l’un des ses plus ardents partisans, il n’en demeure pas moins que le hockey, comme n’importe quelle autre entreprise commerciale, est soumis à la loi du marché. Si la compagnie n’arrive plus à générer des profits, il faut alors s’asseoir et repenser la formule avec ses employés.
Selon les données officielles, rendues publique par la LNH, 75 % des revenus des équipes sont versés en salaire. Pour un sport qui ne possède pas un lucratif contrat de télédiffusion avec l’un des grands réseaux de télévision américains, il est difficile de croire à la théorie voulant que les propriétaires s’en mettent plein les poches.
Si l’Association des joueurs persiste à camper sur ses positions, les propriétaires se verront tout à fait justifié d’instaurer un plafond salarial, mesure honnie par celle-ci. C’est alors qu’elle doit changer sa position et proposer à ses membres d’accepter des offres moindres afin de faire reculer la partie patronale pour ainsi la convaincre de l’inutilité d’instaurer une telle mesure. Vaut mieux sacrifié un peu d’argent maintenant plutôt que de se voir interdire l’accès au pont d’or plus tard.
Pour cette raison, les propriétaires ont tout intérêt à faire persister le danger d’un lock-out. La stratégie porte déjà ses fruits puisque bon nombre de joueurs concèdent sur la valeur et la durée de leur contrat afin d’éviter l’instauration d’un plafond salariale.
La seule menace à cette trêve relative de la flambée des salaires dans la LNH sera la position adoptée par le commissaire de la Ligue lors des prochaines rondes de négociations. Sachant ses adversaires dans les câbles, Gary Bettman se contentera-t-il uniquement de ces actes de bonne volonté ou la tentation de porter le coup fatal sera tout simplement trop forte ?